Huile sur toile, porte le cachet de la vente Wappers en bas à droite
97 (95) x 100 cm
Très importants repeints
Provenance : Vente Wappers, 18 mai 1875, lot 64
Bibliographie :
Catalogue des oeuvres d’art, tableaux, esquisses, études, dessins délaissés par feu le Baron Gustaf Wappers : peintre de LL. MM. Le Roi des Belges, la Reine Victoria, le Roi Louis- Philippe… : dont la vente publique aura lieu mardi 18 mai 1875… / par le ministère du greffier Ed. Ter Bruggen en sa galerie, rue Baeckelmans, coin de l’Avenue des Arts, Anvers, décrit n° 64.
Ce tableau illustre une scène du roman d’Eugène Sue, Cornille Bart et le renard de mer dont la Revue des deux mondes a publié un extrait en 1835 :
« Lorsque Jean eut entendu sa mère parler du grand fauteuil, il courut vers ce meuble et le roula près de la fenêtre, pendant que maître Cornille Bart, appuyé sur les bras de sa femme et de Sauret, arrivait à pas lents, la taille courbée, la respiration pénible, s’arrêtant çà et là, car il ne pouvait parfois réprimer le léger cri que lui arrachait une douleur aiguë.
Pendant le siège, Cornille Bart avait reçu deux balles de mousquet dans le flanc droit, et l’une d’elles n’avait pu être extraite.
Enfin le capitaine atteignit le fauteuil et s’y laissa tomber pesamment, en poussant une nouvelle exclamation d’angoisse.
— Sainte Vierge ! mon ami, souffrez-vous donc davantage ? s’écria Mlle Bart avec effroi.
— Non, non, Catherine, c’est l’appareil qui s’est un peu dérangé, je crois… Voilà tout…
À chaque cri de maître Cornille, les sourcils prononcés de son fils s’étaient fortement contractés, tandis que le vieux Sauret murmurait entre ses dents je ne sais quelle imprécation contre ceux d’outre-mer.
Lorsque maître Cornille fut bien assis et accommodé dans son fauteuil, il tourna languissamment ses yeux éteints vers sa femme, qui le regardait en silence avec une expression de tendresse et de douleur inexprimable, tout en serrant sur son sein la tête de son fils.
— Dieu est juste, ma bonne Catherine, dit Cornille Bart, j’espère qu’il récompensera tes bons soins en ne nous séparant pas encore, et en me laissant vivre pour élever notre petit Jean, de telle sorte qu’il devienne un brave et digne marin de guerre, car c’est lui, parmi nos enfans, que je destine à cet état… Les autres garçons navigueront pour les bourgeois… Mais lui, s’il plaît à Dieu, fera la guerre comme mon père et moi l’avons faite.
Catherine leva au ciel ses yeux baignés de larmes, comme pour le prier d’exaucer la prière de son mari, et Jean fronça de nouveau les sourcils… »